Se délivrer du mal et goûter au bonheur
- Martine Calce/Karine Champagne
- 13 nov. 2015
- 5 min de lecture

Martine et moi avons eu un coup de foudre atomique.
Je ne sais pas ce qui m'a le plus attiré chez elle !
Il y avait sa beauté, son énergie, son brushing et l'éclat dans ses yeux.
Je l'ai admiré tout de suite et sans savoir pourquoi je voulais travailler avec elle.
Entre deux gorgées de café au coin d'une table, elle m'a glissé quelques mots sur son histoire.
Surprise et sans mot, j'en ai réellement oublié le 3/4.
En lisant son texte, j'ai compris ce que je trouvais si extraordinaire en elle.
Sa force, sa résilience et son courage.
La vie est une question de choix et se libérer permet d'avancer.
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Qui suis-je?
Entraîneur, entrepreneur, maman de deux enfants, Alexi, 7 ans et Xavier 4 ans, blonde de Mike et féministe.
Je déteste le ménage, j’aime rire, je suis déterminée, disciplinée, entêtée et je suis née avec une rage au ventre et un bonheur rempli d’ignorance.
J’aime la vie simplement et humblement, mais oh ! mon Dieu que j’aime le sport à la puissance 1000.
J’ai beaucoup d’énergie! Mon hyperactivité me tape sur les nerfs .
J'aime aussi les pyjamas mous, laids et confortables!
J’ai toujours été performante en sport, je n’acceptais pas facilement d’être ‘’perdante’’. Plus jeune, je me valorisais dans cette force. J’avais 5 ans et je rêvais aux Olympiques. Je me voyais vraiment sur la glace avec mes patins faire des pirouettes et avoir la médaille de la gloire!
J’ai 39 ans et toutes mes dents et lorsqu'on me regarde on pense souvent que je suis chanceuse dans la vie (j’en conviens, je le suis) que j’ai l’air d’avoir une histoire de princesse dans un château de verre.
Enfant, je pouvais être perçue comme la turbulente du quartier. Je collectionnais tous les papiers de retenues disponibles. Celle qui allait visiter le bureau de la direction, c'était moi!
J'avais beaucoup d'amis qui m'aimaient, mais leurs parents un peu moins ! Je crois qu'il avaient peur de moi ou du moins de mon influence.
Si l'on regarde derrière cette image, j’étais l’agressée et l’agresseur en même temps.
J'ai vécu de la violence psychologique et de l’inceste du beau-père.
Je ne me souviens pas beaucoup des débuts de ces sévices, honnêtement j’ai quelques souvenirs, mais est-ce si important de savoir ou quand comment? J’étais jeune, TROP JEUNE! Mes parents étaient divorcés et mon père habitait Toronto.
J'étais une rebelle avec un lot de frustrations.
Les années sont passées et je souriais de moins en moins. Je voulais tout détruire sur mon passage, jusqu’à ce que je prenne mon courage à deux mains à l’âge de 12 ans pour demander à mon père et sa conjointe la permission d’habiter avec eux sans trop d’explications.
Lui et sa femme ont accepté. Je croyais vraiment que si je déménageais à 12 ans j’étais pour enfin, connaître le bonheur. Ce n'est pas ce qui s'est produit. Non !
Je n'ai jamais parlé de mes émotions, et cela a causé beaucoup de ravages.
J’ai gardé ce secret toxique en moi et j'ai craqué. Je suis sombrée dans la drogue, les partys dès l’âge de 13-14 ans. Mon pauvre père me voyait arriver avec la police et me ramassait à petit feu. Plus je ‘’skippais’’ l’école, plus je voulais m’automutiler, plus je voulais me faire vomir de rage, plus je prenais de la drogue.
C'était un cercle infernal.
À 16 ans j’ai fait une overdose volontaire. J’ai englouti tout ce qui me tombait sous la mai. On appelle ça, un suicide. J'étais si jeune,que je ne saisissais pas la gravité du geste. Ce que je savais, c'est que je voulais calmer la souffrance qui m’habitait. Je ne voulais pas de cette vie.
Je voulais simplement être MOI.
J’ai entendu mon père pleurer de souffrance et j’ai conclu que j’avais moi-même la force de choisir de mon propre destin.
Les plans d’interventions ont été mis en place rapidement. C’était toujours difficile pour moi de comprendre pourquoi je n’arrivais pas à ressentir mon bonheur intérieur. Je n’arrivais pas à libérer mon plein potentiel. Mais je savais déjà que mon destin n’était pas celui imposé par ma vie actuelle.
Tout le monde faisait des pirouettes pour me guérir. Une personne sans le savoir a fait toute la différence: ma prof d’éducation physique. Elle m’a sans doute sauvé la vie.
Même si j’étais enfant, il était à moi de faire le pas devant, il était à moi de dire non, il était à moi de parler. J’ai appris à 16-17ans à parler comme un enfant qui apprend à babiller. Ma prof me laissait entrer dans son bureau sans me poser de question, mais elle me parlait de SPORT et je me sentais MOI. Elle me disait que j’étais bonne en sport, et de me faire confiance. Je pouvais faire de grandes choses si j’y mettais mon cœur et mes frustrations. J’ai donc su me défouler à travers le sport. J’ai sué ma vie et le sport m’a sauvé la vie et permis d’avancer sur mon chemin. De parler de la biomécanique était tellement passionnant et je la comprenais bien plus que je pouvais me comprendre moi-même. Ma confiance a augmenté et j'ai terminé ma course au bonheur en me rendant devant le juge à l’âge de 18 ans. J’étais, accompagnée de mon oncle. La présence de l'accusé lui donnait la nausée. Cette journée-là, j’ai regagné ma dignité.
Bizarrement, mon agresseur n’était pas dans la salle d'audience. Il avait eu exemption du juge, et il pouvait, sortir de la pièce en raison de ma présence! PARDON? On me niaise? Je me suis exclamée en sortant de la salle pour le poursuivre. TOUT le monde avait sans doute peur que je l’attaque! J’étais plutôt en mission, j’allais à la poursuite de mon bonheur et MON POUVOIR. Je l’ai trouvé, assis, piteux sur un banc et je me suis mis devant sans dire un mot pendant plusieurs minutes à le regarder dans les yeux. Lui, regardait le sol. J’ai repris ce qui m’appartenait ce jour-là et je lui ai redonné ce qui lui appartenait. J’ai dû apprendre à me pardonner pour mes propres gestes de souffrance et j'ai dû enlever de mes épaules les souffrances des autres. J’ai quitté la salle avant de connaître la sentence, car je m’en foutais. J’avais repris le contrôle de mon âme, de ma force et de mon sourire.
J’aime rire, j’aime avoir du plaisir, j’aime entendre mes enfants rire et écouter la pureté de leur innocence. Je me définis par qui je suis, par ma personnalité bien avant tout. J’ai longuement refusé d’en parler, car je suis pas qu’une victime, je suis MOI avec une histoire. Ma vie a été par moment un marathon avec bien des blessures, mais également beaucoup de bonheur. La force du bonheur a triomphé.
Je sais encore aujourd'hui que rien n’est acquis. J'ai eu le droit à un cruel rappel il y a environ 5ans en donnant naissance à mon fils, prématuré à 33semaines. La mort nous a chatouillé le dos, mais la vie a triomphé. La vie est un cadeau fragile, mais les cadeaux fragiles sont des étoiles brillantes!
Je dis merci au sport et à ma force intérieure. J'ai réussi à avancer dignement en étant simplement MOI!
Et vous, qui êtes-vous?
Martine xo
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