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Alcool, drogue et courage


La semaine dernière, c'était la semaine de prévention du suicide.

Nadine y a pensé.

En prime dans l'actualité, de jolies ados fuguent et on découvre l'enfer dans lequel elles sont plongées.

Nadine l'a vécu.

J'admire la grande force de Nadine de surmonter chaque obstacle un pas à la fois.

Et elle brise les tabous en même temps.

Il y a ici, une entrevue que j'avais réalisé avec elle l'an dernier.

À chaque fois que je l'écoute j'ai des frissons.

Il y a aussi une partie de l'histoire à lire, juste un peu plus bas.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours ressenti un grand vide à l'intérieur de moi. Une douleur aiguë qui accompagnait ce sentiment....une douleur viscérale . . J'ai été abandonné par ma mère et ma grand-mère qui m'ont enlevé aussi de mon père biologique dès l'âge de 1 an 1/2 pour me mettre en adoption. Alors très jeune j'ai ressenti ce que le rejet et l'abandon pouvaient causer comme dommage.

Même entouré de gens qui m'aimaient je n'arrivais pas à trouver ma place, je me sentais toujours à part, comme une intruse. Je me sentais seule.

À l'âge de 12 ans, j'ai commencé à fuguer. Une fugue parmi plusieurs qui me mena dans le cercle des gangs de rue, de la prostitution et de la drogue. On m'a promis tant de belles choses et tout ce que j'ai reçu en retour fut de me faire battre - violer à répétition et droguer.

J'ai connu cette année-là ma mère biologique avec qui je n'ai jamais eu une relation de mère-enfant. Je coupai les ponts avec elle à l'aube de mes 40 ans épuisée de la supplier de m'aimer.

Je cherchais cette appartenance que je n'arrivais pas à trouver, même dans les milieux les plus dangereux. Au risque d'en perdre la vie, j'étais désespéré de ressentir ce que les enfants ressentent avec leur famille. Moi je n'y arrivais pas.

J'ai été placé en centre de détention pour jeune qui à mon époque possédait des cellules barrées à double tour. J'y suis resté jusqu'à mes 17 ans. On m'a alors transféré en appartement supervisé, mais ce côté rebelle qui ne m'avait jamais quitté a refait surface. Rapidement, le monde des bars et des clubs a fait son apparition dans ma vie. Ainsi que l'alcool et la drogue. J'aimais ce sentiment de ne plus rien ressentir quand j'étais en consommation, mais rapidement je devais changer mes habitudes de consommation pour trouver plus fort, car cette douleur et ce mal de vivre étaient toujours présents. Dans l'impossibilité de respecter un bail, j’ai tout perdu et je me suis ramassé à la rue itinérante durant 1 an. J'ai connu plus tard cette année-là un homme avec qui j'ai vécu durant 3 ans qui était bon – gentil – aimant – honnête..Mais il ne pouvait rien pour moi....Je n'y arrivais pas. Il m'a donc laissé et de là le sentiment de rejet a eu sur moi l'effet d'une bombe. J'ai été 2 ans encore par la suite sans domicile fixe . La consommation de drogues dures, l'alcool, 3 overdoses, delirium tremens...la prison, encore une fois les hommes violents .tout y est passé. Je ne trouvais pas cette étincelle en moi. Par contre, j'ai souvenir ou je me suis éveillé dans une piquerie et un homme est venu près de moi m'offrir son fix...j'ai eu la peur de ma vie, car pour un instant je me disais que peut être y avait-il de l'espoir pour moi...que si je prenais ce qu'il me donnait, la ....pour moi s'en serait vraiment terminé. Cette petite étincelle, elle était là pourtant. Un matin ou j'étais assise par terre au métro Berri à Montréal, et je regardais les gens qui allaient travailler, avec leur boite à lunch. Je désirais moi aussi une boite à lunch. Une vie stable, une routine, je voulais moi aussi payer mes factures. Mais j'en étais incapable.

J'ai quelque temps plus tard rencontré l'homme qui aujourd'hui est encore mon époux 25 ans plus tard. J'ai cessé toute consommation de drogues avec son aide il y a 15 ans...Je suis retourné à l'école pour aller me chercher un métier. J'ai toujours été attiré par tous les métiers ou l'on pouvait toujours avoir un certain contrôle, car j'ai été plusieurs années à vouloir tout contrôler pour ne plus subir de rejet et d'abandon.

Une belle maison – une carrière florissante qui m'a mené au sommet

Un enfant magnifique...Tout ce dont j'avais rêvé durant des années je l'avais. J'avais aussi une collection de boites à lunch :) Je ne vous dis pas le bonheur de la journée ou je suis allé acheter ma première. Je la vois encore – avec les petits plats de plastique – les beaux ustensiles. J'étais fière. Ma première voiture ou j'ai conduit pour revenir chez moi en pleurant tout le long. Je me disais que là.....j'avais tout. Eh bien non. Cette douleur était encore là. Et l'alcool aussi était encore présent. Le stress de concilier ma carrière, mon couple, mon rôle de maman – ma maison. Ma consommation d'alcool ira en empirant au point d'en avoir une hémorragie digestive. Rien n'y faisait.

Un matin alors que j'avais congé j'ai écouté l'émission de deux filles le matin et j'y ai vu Karine Champagne qui parlait de la dépression. Je lui ai fait une demande d'amitié. Je voulais l’encourager parce que moi j'étais forte et en contrôle...la dépression ce n’était pas pour moi. Elle accepta ma demande. Au fur et à mesure que le temps avança, mon état d'esprit se détériorait ainsi que ma santé. Crises de panique – angoisse – insomnie – je ne mangeais plus et je pleurais tout les matins avant de partir au travail. Ma boite à lunch ne m’apportait plus le bonheur tant recherché. Je me disais que mon fils méritait mieux qu'une mère fuckée et tourmentée par son passé. Alors j'ai commencé à faire des plans. J'ai rédigé mon testament. Tous les soirs, je réussissais à m'endormir après avoir bu mon 40 onces de Gin. Mais quelques heures plus tard, les tremblements me réveillaient. Mon corps s'éteignait petit à petit. Je perdais le contrôle de ma vie, de ma santé....de tout enfin. Un matin au travail en entrant dans mon bureau en cuisine, je me suis levée debout sur ma chaise d'ordinateur pour tester les tuyaux au plafond pour voir s’ils étaient assez solides pour que je me pende....ce jour la fut le dernier jour de ma carrière de chef dans une entreprise. 2 jours plus tard, mon corps a lâché. Tout s'est mis à off. Je suis resté enfermé durant près de 2 ans chez moi à ne plus pouvoir sortir. L'alcool était plus que présent.

Karine était de plus en plus présente dans ma vie sociale des réseaux sociaux, et un jour elle a décidé de lancer un groupe de femmes qui bougeraient pour contrer la dépression. J'ai embarqué. Mais de loin. Je ne suis pas une sportive moi, je ne cours pas...quand je cours, je suis seule avec moi même et je n’ai pas ce sentiment. Et je ne sortais pas de chez moi, donc encore moins pour moi d'aller aux évènements, mais d'avoir le sentiment d'appartenance à un groupe de femmes qui ont vécu comme moi des moments difficiles dans leur vie, ça me plaisir bien. Je ne sentais aucun rejet et aucun jugement de la part de ces 40 quelques autres femmes.

Puis vint le jour de la première conférence de Karine. À Québec.......mon Dieu je devais sortir de chez moi......La veille, j'avais tellement bu que j’étais même incapable de servir à souper à ma famille. Je me suis agenouillé dans la salle de bain et j'ai humblement demandé à Dieu de me permettre de vivre 1 x 24 heures sans alcool. Juste 1 journée....que je me donnais une dernière chance au bonheur et à la liberté, parce que l'alcool me tenait prisonnière de son emprise depuis tant d'années. Au point ou j'ai décidé de ne prendre aucun anti dépresseurs, car je devais le choix entre la médication et l'alcool. Si je cessais l'alcool, j’étais malade. Donc je voulais, mais j'étais incapable d'arrêter.

Je me suis rendu à la conférence de Karine, accompagné bien entendu. Tout ce dont je me souviens ce soir-là`c'est du sentiment que j'ai ressenti en voyant Karine en bas de l'hôtel qui m'attendait . En me prenant dans ses bras elle m'a dit .......tu sais Nadine......je n'aurais pas commencé sans toi. Je t'attendais et je suis heureuse que tu sois là......Ces paroles-là ont été pour moi l'effet déclencheur attendu depuis plus de 45 ans. Des paroles sincères. J'ai vraiment senti que j'étais importante et je me suis senti aimé pour la première fois de ma vie.

Durant cette conférence, je ne me souviens pas de grand-chose à part les yeux de Nathalie Bisson et de ses paroles qui résonnent encore à mon oreille......Tu vas voir Nadine....ça va aller......je suis la moi....on est toutes la....on va t'aider.

Le lendemain, j'assistais à ma première réunion des Alcooliques anonymes. Et je n'ai pas rebu depuis 2 ans et 4 mois. Ce ne fut pas facile, j'ai dû manger à la cuillère durant 1 mois à cause du sevrage intense , un des combats de ma vie les plus difficiles. Ré apprendre à vivre avec moi-même et les autres à jeun. J'ai été capable depuis d'aller faire quelques courses avec les MV, d'assister à quelques évènements.

Mais le plus beau dans tout ça, j'ai laissé ma carrière de côté et je me suis lancé dans le vide. J'ai aujourd'hui mon commerce à moi.

Vous voyez, les MV ce n'est pas seulement un groupe sportif, parce que moi je ne suis pas et je ne serais jamais une athlète olympique, mais par contre ma mise à l'horaire fut de demeurer sobre et de combattre mes démons. Les MV sont pour moi un mode de vie quotidien qui m'a permis de me choisir – de dire NON sans me sentir coupable et d'avoir à m'éterniser sur des explications sans fin. De me donner une chance moi aussi de gouter au bonheur et à la liberté. Les MV m'ont appris l'appartenance d'un groupe – l'amour véritable ou l'abandon et le rejet n'existent pas. Je travaille fort sur moi même tous les jours, je me libère tranquillement des dernières dépendances qui me tenaient encore. Sobre de Nicotine depuis bientôt 3 mois et de médication pour dormir depuis 1 mois.

Le mouvement des MV m’a aussi apporté le courage de dire tout haut mes rêves sans avoir peur de la moquerie. Je me suis découvert une grande passion pour le vélo de route. Donc pour mes 2 ans de sobriété je me suis acheté un beau vélo et je me suis inscrit au Grand Défi Pierre Lavoie pour y faire la boucle. Il y a 1 an j’avais fait ce dessin parce que Karine nous dis souvent de dessiner nos rêves…qui sait….

Alors si par mon message je peux en avoir inspiré 1 sur le lot à se convaincre de ne jamais lâcher et de se relever à toute les fois ou l'on tombe il est possible de s'en sortir. Aujourd’hui je peux dire que j’aime ma vie et qu’elle me le rend bien.

Accrochez-vous à vos rêves, car si vous y croyez, et que vous les voulez assez forts deviendront réalité, comme ma boite à Lunch.

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